dimanche 22 décembre 2013

Majd. Journée internationale de solidarité avec le peuple syrien, Paris, octobre 2013.



Majd, filmé lors de la journée de solidarité internationale avec le peuple syrien, Place de la République, Paris, le 19/10/2013.

Faute de comprendre... écouter les voix syriennes.


Nous sommes deux citoyennes sensibles comme tant d’autres à la tragédie syrienne. Nous avons eu la chance rencontrer les opposants syriens de Paris en 2012, alors qu’ils manifestaient déjà depuis un an pour soutenir les manifestations pacifistes qui se tenaient chaque jour ou presque en Syrie. Nous n’avons pu depuis oublier leurs voix ignorées, alors que les pacifistes devenaient des combattants et que les événements devenaient cette « guerre civile » qui ravage depuis la Syrie. Il n’est pas aisé d’appréhender les enjeux de ce conflit aux dimensions géopolitiques, internationales, économiques, culturelles, religieuses. Pourtant,  pendant que l’implacable « complexité » de la question syrienne noie les médias de faits d’armes et de terreur, un peuple meurt sous nos yeux. En août 2013, outrées par les désengagements internationaux suite à l’utilisation d’armes chimiques, nous décidons de prendre une caméra pour partager avec eux notre désarroi. Notre posture est autant que possible anthropologique. La parole est notre matière, nous la coupons le moins possible, en direct comme au montage. Ensemble, nous produisons de la matière, une matière de parole et d’images, une photographie de leurs présences répétées.

Loin des journalistes et des liens qu’ils cherchent avec l’évolution des événements, nous demandons aux Syriens comment est-ce qu’ils vivent leur drame, ici, à nos côtés. Nous sommes aussi souvent à leurs côtés sans caméra ni micro. Il est parfois délicat de les filmer, beaucoup ont peur des représailles, et nous remercions vivement tous ceux qui ont accepté et accepteront. Chaque entretien est composé des mêmes questions, volontairement ouvertes : il s’agit d’entendre peut-être, à terme, la voix de ces immigrés ou réfugiés, qui restera plurielle, musulmane, chrétienne, laïque, athée, syrienne.

Ils le disent eux-mêmes : Il n’est plus possible d’espérer une issue simple pour ce pays dont les diverses communautés sont manipulées par le gouvernement, les factions armées islamistes, les intérêts étrangers. Et pourtant, chaque semaine, les opposants syriens continuent de dénoncer des crimes qui auraient dû, maintes fois, susciter des interventions appuyées de la communauté internationale.

Le projet de ce blog est d’être l’espace et la trace de leurs prises de parole, l’accumulation de leurs voix enregistrées au fil de ces semaines passées à tenter de partager leurs malheurs. Ces premiers témoins sont ceux qui manifestent tous les samedis à la Fontaine des innocents contre le régime de Bachar El Assad. Nous poursuivons notre quête de témoins et irons ailleurs dans Paris tendre le micro à d’autres.

Ils nous informent, témoignent, s’expriment, partagent, nous remercient même parfois de leur donner la parole, parce que, disent-ils, les Syriens de Syrie se sentent abandonnés des autres citoyens du monde, et que le temps que nous consacrons à leur écoute n’est pas vain : il est humain.

Tentons d’entendre leurs voix.


G & J.